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11 novembre 2022 5 11 /11 /novembre /2022 10:41

 

Note pour les étudiants

Quand il faut rédiger un écrit, c'est bien souvent la panique. Aller chercher les bases théoriques, construire ses explications, s'exprimer dans un langage clair et concis et surtout en bon français, cela peut être inquiétant. On est souvent tenté d'aller chercher chez ceux qui ont déjà écrit de belles choses, avec des phrases bien dites, des tournures élégantes, des démonstrations convaincantes. 

 

Seulement, comme le prof est bienveillant, il vous aura mis en garde sur les copier-coller qui sont très facilement détectables. Ne faites pas des copier-coller de paragraphe entier, Google me dira instantanément qui en est l'auteur. Mais comme Google est prévenant, il met aussi à la disposition des étudiants des sites ou programmes qui réécrivent, qui recomposent, qui changent le texte sans en changer trop les idées, et qui rendent la détection de ces petits plagiaires un peu plus compliquée. C’est facile, peu de chance de dire des bêtises.

Chers étudiants, ne jouez pas à ce jeu-là. C'est tentant, mais c'est le diable. 

 

Faire un travail écrit, c'est d'abord et avant tout faire un travail. Et faire le travail, c'est aller chercher les éléments, les assembler entre eux, et les ressortir sur le papier. C'est faire fonctionner son intelligence, connecter des trucs avec d’autres trucs dans sa tête. Si vous ne faites qu'un copier dans un logiciel, transposition, coller dans votre devoir, ce travail de pensée, vous ne le faites pas.

 

Et un jour, plus tard, dans longtemps, en situation, face à votre public, face à la difficulté, vous aurez un instant de réflexion, et il faudra se dire : “je me souviens, il y a longtemps, j'avais lu un truc, et ça me fait aujourd'hui penser à…” 

Si c'est l'ordinateur ou Google qui a fait le travail à votre place, vous ne pourrez jamais penser à…

…avoir ce souvenir… 

…penser à cette solution.

 

Et ça, il n'y a aucune bonne note de devoir qui peut rattraper ça.

C'est en cela que votre formation vous forme, vous transforme, vous fait devenir ce que vous serez professionnellement, et ne laissez pas cette prérogative à un autre non-humain, ou à vos craintes d’échec, ou votre manque de motivation.

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13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 22:35

Depuis quelques temps, on voit se révéler un scandale chez ORPEA et autres grands groupes de l’hébergement du grand âge. Comme si ça venait d’apparaitre... Comme si la marchandisation de la nécessité produisait des choses positives. Tout cela génère une inquiétude folle, pour les résidents qui y sont, pour leur famille, pour les résidents à venir, pour les professionnels. Il faut rappeler que l'EHPAD, ça n'est pas ça.

Il est essentiel de dire et redire que de nombreux établissements dépendent de fonds publics, municipaux, et qu'il n'est en aucun cas question de recherche de profit, même s’il faut veiller aux finances. Il faut dire aussi que des directeurs d’établissements privés peuvent être assez consciencieux et renseignés pour ne pas déshumaniser les résidents au profit de pratiques mercantiles. Les EHPAD ne sont pas là pour récolter de l'argent. Les structures municipales n’ont pas d'actionnaires. Il faut souligner avec force le professionnalisme qu’on rencontre dans ses établissements, pointer du doigt ceux qui s’y soustrait, sans faire porter cette croix à tous. Pour un fruit pourri, il ne faut pas couper l’arbre.

Il faut être vigilant avec les stéréotypes et les clichés qu’on nous sert au journal de 20 Heures, autant faits pour outrer et sensibiliser que pour angoisser le téléspectateur. Une personne âgée ne sent pas mauvais. Si on a le temps de lui faire sa toilette, qu'on l'habille avec des vêtements propres, elle ne sent pas mauvais. Travailler avec la dégénérescence lié la maladie d'Alzheimer est un art difficile. Travailler dans l'écoute de l'autre est un art difficile. Et certains y arrivent, au prix d’un effort quotidien. C'est pour ça qu'on y travaille beaucoup. Tous les jours.

Il fait dire et redire que les professionnels qui font correctement leur travail, ça existe, et que ce n'est ni un chemin de croix, ni un sacerdoce. La conscience professionnelle, la dynamique d’équipe, ça existe. Ça se construit, ça se développe. Il n’y a pas de fatalité. Il y a des équipes de cadres qui réfléchissent dans le bon sens, qui s’appuient sur des réunions de réflexion, sur un comité éthique. Et il y a des équipes de terrain qui réfléchissent aussi, qui sont consultées, qui vont en formation, et qui sont associées aux décisions, à la réflexion dans des analyses de pratique, et qui ont bien des choses à dire.

Mais surtout, avant cela, il y a la conviction profonde que tout part de la personne âgée qu’on accueille, au service de laquelle on se met. De ses envies, de ses désirs, de ses demandes. On est tellement persuadé d’être dans le « bien faire » qu’on oublie bien souvent l’essentiel : poser la question à la personne concernée. Mais c’est tellement facile de dire ça, et il est tellement vite fait de passer à côté. Parce que les contraintes, parce que les horaires, parce que la sécurité, et très vite, les impératifs de service prennent le pas sur la liberté des résidents. Sur le regard qu’on porte sur eux. Mais ça aussi, ça se travaille. Ça se discute, ça se négocie :

  • Les résidents sont à table à 18 heures pour une sortie de table à 19h, afin d’être au lit à 20 h quand l’équipe débauche ? Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas là-dedans. Les résidents ronchonnent. Alors, petit à petit, au fil du turn-over, on modifie les horaires des nouveaux contrats, et on incite les professionnels à débaucher plus tard, et on permet aux résidents de diner à un horaire normal.
  • Dans la matinée, c’est la course, car il faut faire les soins et les toilettes, et tout doit être fini à midi  pour le déjeuner ? ça aussi, ça s’adapte, encore faut-il se poser les bonnes questions. Tous les résidents veulent-ils avoir leur toilette le matin ? Leur a-t-on seulement posé la question ? Y a-t-il moyen de modifier les horaires du déjeuner ? On a demandé à la cantine ?

Il faut garder à l’esprit l’idée du vivant. Malgré les images de la vieillesse, de la dégénérescence. Plutôt que de rajouter des années à la vie, penser à rajouter de la vie aux années. Il faut accueillir, tels qu’ils sont. Et c’est un exercice éminemment difficile.

Il est faux de dire que les EHPAD sont des mouroirs. Ces lieux ne sont pas des mouroirs. Il ne faut pas confondre un lieu où la vie va prendre fin et un lieu où la vie s'arrête. Bien sûr, pour la plupart, c'est là qu'ils passeront leur dernier jour. Ils ne mourront assurément pas endormis ou dans l’oubli. Bien au contraire. Ils mourront car ils seront à la fin de leur vie, vie dans laquelle tout le monde aura été présent jusqu’au bout.

Si on y travaille, les EHPAD des lieux où les vieux sont délaissés, des endroits violent où le personnel est agressé. Non, les personnes âgées ne sont pas délaissées. Pour certains, pour tous, les activités sont proposées. Mais certains veulent simplement ne rien faire, et il faut que cela soit respecté. Les personnes âgées peuvent avoir d'autres rythme, d'autres visions sur le monde, un autre regard, et être dans une salle commune en présence du personnel et de ses allers et venues, ça peut suffire, sans qu'elles ne soient forcément affairées à une quelconque activité. Il y a une différence entre les lieux où la vie arrive à sa fin et les lieux où la vie s'arrête.

L’EHPAD doit être ce lieu où le résident va finir sa vie, mais pas le lieu où la vie va finir.

Il ne faut pas faire de l’exemple ORPEA une généralité, comme il ne faut pas faire de l’EHPAD une fatalité. Les valeurs institutionnelles, ça se travaille. Les équipes qu’on arrive à mobiliser sur un travail de réflexion, ça existe. La bienveillance, la patience, le respect, ça s’apprend. On ne devrait pas entendre que les résidents ou les familles n’osent rien dire par peur de représailles.

Mettez-vous au boulot.

 

 

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 17:16

Comme il est recommandé par les ARS et par l’ANESM, l’accueil d’usagers s’accompagne de la rédaction d’un projet, document qui est une feuille de route du parcours de l’usager durant son temps de présence dans l’établissement.

Et quand on lit un de ces projets, on perçoit vite qu’il y a un problème.

Puisque c’est ainsi que les choses sont préconisées, il est demandé au jeune ce que serait pour lui son projet, sous forme de « Mais toi, plus tard, que voudrais-tu faire ? », et il parle de ses envies, désirs, projections, parfois peu en lien avec la réalité ou ses capacités. Cependant, afin de rendre tout cela possible, il y a de nombreux prérequis indispensables, beaucoup d’apprentissages, de savoir-faire et de savoir être et autres formalités inévitables. Dans un document réfléchi et rédigé en équipe, on accole donc des rêves et des obligations, de l’imaginaire et de l’obligatoire, on superpose, on mélange, et on appelle tout ceci « projet du jeune », dans lequel il y a l’expression des désirs du jeune mais également les étapes qu’il doit obligatoirement valider.

Dans la pratique quotidienne, le document projet est petit à petit dévoyé, et devient même opposable à l’usager lui-même. Dans son projet, la personne y met du désir, et dans le désir, il y a de l’Autre, et toute la difficulté consiste à reconnaitre la parole de l’Autre. La lecture d’un de ces documents montre que nous sommes surtout en lien avec ce qui se présente d’abord comme des impossibles. Tant et si bien que le projet en perd son sens, que l’usager ne reconnait plus du tout son projet, et qu’il se trouve contraint de participer à des activités qu’il n’a jamais demandées, sur une route qui n’est plus la sienne, alors qu’on lui parle de problèmes d’adhésion à « son propre projet ». Comment ne pas rendre la situation plus confuse auprès de jeunes gens porteurs de handicap intellectuel, quand on les exhorte à faire des apprentissages, qu’on leur explique le champ des possibles de leurs choix futurs, pour les ramener le plus souvent aux contraintes du faisable dans la limite de leurs possibilités ? Mais cela est souvent trop dur à dire à au jeune et aux parents qui ont une tout autre vision de leur enfant, des espoirs plus grands. Alors il faut habiller tout cela de l’impératif de la nécessité, et c’est là que le mal arrive.

Les projets, tels que je les vois écrits, comporte en théorie deux parties distinctes, qui sont alégrement mêlées. Le projet parle du désir du jeune, et de ce qu’il sera envisageable qu’il fasse plus tard, et des apprentissages qu’il devra faire. On voit donc qu’il est constitué de choses qui lui appartiennent vraiment (ce qu’il veut), et d’autres sont moins personnelles (les ateliers auxquels il participe), et d’autres sont générale, pour tout le monde (son parcours d’apprentissage). Au final, les projets sont surtout écrits du point de vue de l’éducateur, listant les choses à faire et à travailler. Les projets, en l’état, sont surtout des projets pour des éducateurs, pas pour des jeunes, au sens où ils sont rédigés pour guider le professionnel dans ce qu’il y a à faire, mais ça n’émane alors plus du tout du jeune au sens où ça dirait ce dont il rêve.

Bien souvent, il est scandé que le jeune doit être « ACTEUR » de son projet. Cela revient à dire qu’on lui trace un chemin et qu’il n’a qu’à le suivre. Alors, bien sûr, il a des choses à faire, des démarches à entreprendre, des actions à mener. Ça le rend acteur, il ne fait pas rien. Mais c’est une mystification, car tout a été décidé pour lui.

 

S’il doit en être l’acteur, qui est donc l’auteur de son rôle ? « Tu vas aller dans tel établissement pour y faire un stage, et pour commencer, tu vas téléphoner pour prendre contact ». Ainsi, le jeune est acteur, participant à son projet de stage, téléphonant comme il l’a appris à l’atelier de compétences sociales, mais il a aussi toujours dit ne jamais vouloir aller dans cet établissement. Ainsi, on peut trouver des choses affolantes dans certains documents :

- « doit participer à la rédaction de son dossier MDPH » pour une personne majeure qui ne maitrise pas l’écrit, avec un niveau développemental de l’ordre de 8 ans.

- « doit acquérir une posture de travailleur », pour un jeune homme déficient intellectuel moyen qui certes va bientôt intégrer un établissement de travail protégé, mais donc la principale question peut se résumer à « Elle est où, Maman ? »

- « doit travailler à l’amélioration de sa santé mentale ». On croit rêver.

Et encore une fois, comment réagirait-on si de telles aberrations se trouvaient dans les carnets de correspondance ou sur les bulletins de note de nos collégiens ou lycéens ? Dans une école primaire, le nom de l’école a été choisi par les enfants. Et on se targue de la liberté qu’il leur a été laissé, de la démarche pédagogique qui a été entreprise, et des résultats du vote des enfants pour le choix du nom de leur école. Au départ, il y avait une liste établie par l’équipe pédagogique : comme d’habitude, Aliénor d’aquitaine, Marie Curie, Saint Exupéry, etc. Les classiques. Oh que le Maire était fier quand il a révélé la nouvelle plaque posée à coté de l’entrée, insistant bien sur le fait « le choix des enfants ». Donc, interrogeant les enfants de cette école, les CP et CE ne savaient plus du tout de quoi il s’agissait, les CM avaient encore quelques éléments. Jusqu’à la question qui les a vraiment intéressés : et vous, vous auriez proposé qui pour nommer votre école ? Alors, bien sûr, administrativement, on ne peut pas avoir une école Ninja Go ou Ariana Grande. Mais dans ce cas, pourquoi mettre en avant « le choix des enfants », alors que c’est faux. Et pour le projet, c’est du même ordre. C’est : « Tu veux un dessert ? Que veux-tu ? Une glace à la fraise ? Ok. Tiens, c’est du gâteau au chocolat, mais c’est pareil ».

 

Donc, qu’est-ce que cette chose qu’on appelle « le projet du jeune », quand il se trouve de plus en plus dépossédé de ses actions, et donc de ses désirs ? Il doit être acteur de son projet, mais peut-on encore parler de SON projet, alors que ça n’est pas lui qui en a décidé. Acteur ? Exécutant tout au plus… A partir de cette liste de choses à réaliser, il suffit d’ajouter en titre le nom et prénom de la personne, et hop, ce document qui reprend les grandes lignes de la prise en charge devient « son projet », alors que la personne n’a plus grand chose à voir avec les étapes d’apprentissage ou les justifications professionnelles qui y sont décrites.

Il y a vraisemblablement quelque chose de dramatique qui se joue là, car que considère-t-on de la parole du sujet, de la personne qui est face à nous quand ses choix sont dissous dans les seules possibilité offertes par les ESAT. Bien sûr, il ne faudra pas conclure que tout jeune en situation de handicap se voit nié au profit d’un établissement qui afficherait de très bons chiffres de réussite, mais la dimension humaine, qui devrait être primordiale avec des personnes vulnérables, se perd. Et ça, c’est dramatique.

J’illustrerai par la métaphore du pâté d’alouette ; un charcutier veut faire du pâté d’alouette parce que c’est très bon, mais les alouettes coutent très cher. Il essaye plusieurs fois en augmentant toujours plus la proportion de porc pour une alouette, mais ça reste très cher. Finalement, il obtient un bon équilibre quand il met un cochon entier pour une alouette. Et il appelle ça « Pâté d’alouette ».

On ne respecte pas le projet du jeune, et pour ça, on utilise un subterfuge : le glissement sémantique du terme projet, qui contient à la fois des choses appartenant au jeune et des contraintes avec lesquelles il faut composer. Le poids des contraintes étant non-négociables, ce sont finalement les désirs du jeune qui reculent sur le terrain de la faisabilité. Et ce « projet », composé de désirs de l’usager pour une part de plus en plus infime et de l’obligatoire des apprentissages, il est surtout composé de la faisabilité du terrain, comme le pâté d’alouette. Le projet du jeune, ce n’est pas le projet du jeune. C’est un mensonge.

 

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4 avril 2021 7 04 /04 /avril /2021 10:43

Aujourd’hui, 2 avril 2021, journée de l’autisme.

Gros plan sur les associations, les familles, leur vécu, leur parcours, leurs douleurs. Longue diatribe sur les méfaits de la psychanalyse.

Et on ressort le manuel des bonnes pratiques de l’ANSEM, la condamnation de la psychanalyse comme thérapeutique de l’autisme, la préférence argumentée pour les TCC. Il n’est pas question ici d’apporter de l’eau au moulin d’un des deux camps, il est surtout question de ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance. Il n’est pas question de rappeler que l’argumentaire scientifique de l’ANESM et de l’AHS de 2012, au sujet des approches psychanalytiques, précise que : « L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques ».

La psychanalyse n'est pas un chant des sirènes, elle ne cherche pas à provoquer notre mort, la mort de la mère, de son enfant ou de la parentalité. Avec ce qu'on sait aujourd'hui, les spécificités neuronales, l’incapacité fonctionnelles à la communication des autistes, on peut se figurer que la psychanalyse ne soit pas indiquée dans le traitement même de l'autisme. Mais écouter, comprendre et traiter sont des choses différentes. Et il ne faut pas condamner une discipline par qu’elle est, au final, mal employée. Les exemples d’interprétations violentes fourmillent, les pratiques jugées de nos jours abusives, inappropriées, les familles en ont toutes vécu. Les séjours de rupture, la condamnation des mères, le milieu familial toxique, le désir maternel de mort in-utero, bien des choses épouvantables ont été dites. En travaillant avec des familles de personnes autistes, très vite dans la discussion reviennent ces histoires violentes, la double peine d’avoir un enfant si différent, parfois si incompréhensible, et le regard, le terrible regard de l’autre, qui n’y comprend pas davantage, mais pour qui la seule explication réside dans la faute parentale. Et bien sûr, comme aucun de ces enfants autistes n’a de père, ça ne peut être que de la faute de la mère ( c’est de l’ironie !).

La psychanalyse est un outil théorique d’explication plutôt extraordinaire, mais si c’est pour l’utiliser ainsi, pour expliquer aux gens pourquoi ils sont responsables de l’autisme de leur enfant, et bien non, il ne faut pas faire ça. Parce que ça ne sert à rien, ni personne, parce que ça fait mal. C’est inutile.

Et il n'est pas scandaleux que la psychanalyse soit enseignée à la fac, quoiqu’en pensent certains présidents d’association d’information et de services sur l’autisme, pour ce qu'elle apporte d'un autre éclairage, de ramener à la personne elle-même, de permettre l'écoute, de laisser voir le quelqu’un qui existe derrière la personne autiste. Peut-être aussi parce que les gens qui vont à l’Université et entendent parler de la psychanalyse n’auront pas à accompagner QUE des autistes et leurs parents, et que cet enseignement leur sera précieux.

Par contre, il est scandaleux de voir cette même psychanalyse exercée par des professionnels de façon approximative, friands du jeu de mots qu’ils font passer pour de l’interprétation. La psychanalyse et plus précisément l'interprétation psychanalytique ne doit pas être asséné à un public qui n'est pas venu là pour entendre ça. La culpabilisation par quelque moyen que ce soit ne sera d’aucune utilité. Encore une fois, il faut tenir aux gens un discours qui va dans leur sens, qu’ils sont capables de recevoir, de s’approprier, quelque chose qui les aide. Quelle mère peut trouver de l’aide dans « Vous avez un désir de mort pour votre enfant » ? La psychanalyse ne devrait pas venir en rajouter une couche. Au contraire, elle devrait investiguer et expliquer les mécanismes en jeu, et venir pacifier ce qu’il y a de chaotique dans ce que vivent les parents, et laisser tout professionnel fort humble dans cet accompagnement.

Et on peut effectivement porter un regard critique sur une pratique qui, au final, ne servira personne, sinon le narcissisme de son auteur. Et ce n’est pas cela qu’il faut pour les autistes et leur famille. Ces témoignages portent heureusement la marque du passé, un autrefois qu’on espère ne plus rencontrer, mais ce n’est pas le cas de toutes les expériences qui m’ont été décrites. Encore de nos jours, de petits rois de service pédopsy font les malins en jonglant de façon malhabile avec deux ou trois concepts piochés sur un 4ème de couverture d’un livre qu’ils n’ont pas lu.

Il ne faut pas condamner la psychanalyse parce qu’elle est utilisée à mauvais escient, et qu’elle reste fondamentalement crédible dans sa spécificité théorique. Il faut garder en tête que ses fondateurs ne pouvaient prédire les autres lumières scientifiques qui se mettraient à briller des décennies après eux, et qu’il faut se mettre à la page. Il y a 50 ans, quelles autres explications avions-nous ? Avant la neuro-imagerie, avant les neurosciences ? Et si on regarde de l’autre direction, quel regard porterons-nous sur nos pratiques actuelles, psychothérapie ou TCC, dans 50 ans, quand nous verrons qu’il n’est pas possible d’apprendre aux gens à être, qu’une succession d’apprentissages comportementaux ne fabriquent pas des individus, et que l’apprentissage des habiletés sociales n’est qu’un leurre pour qu’ils aient leur place auprès de nous. Les ramener à la norme, ça veut dire les ramener à notre norme. Dans 50 ans peut-être, ce ne sont pas les TSA qui auront trouvé leur place auprès de nous, mais nous qui auront trouvé comment faire avec eux. Dans 50 ans, nous aurons probablement avancé sur le fonctionnement du cerveau et ses spécificités, et approché la structure de représentation du monde qu’ils ont. Pas de psychanalyse dans le traitement de l’autisme, mais dans 50 ans, peut-être aurons-nous compris la nature de LEUR lien S1 -> S2, leur articulation au langage, et la façon dont ça impacte leurs capacités sociales. On peut aussi rêver à une nosographie plus détaillée, des catégories dans le spectre. Car de quoi parle-t-on quand on parle d’autisme, de TSA ? De Bill GATES ou Kim PEEK à un des jeunes de mon établissement, comment considérer qu’il n’y ait qu’un spectre quand on voit tant de différence ?

Il ne faut pas jeter la psychanalyse (pas plus que les sciences cognitives) parce que ce ne sont pas les TCC qui vont faire de la place à la parole, parole qui va dire la souffrance. Même si les parents ne veulent que des solutions pour leur enfants, il y a aussi des parents qui veulent, qui ont besoin de pouvoir dire leur peine, leur mal. Et aussi un espace pour que leur enfant parle et soit entendu. Car les autistes parlent, et ils apprécient quand des personnes prennent la peine ou le soin de les écouter. Or, les TCC posent la question au comportement de la personne, mais pas à la personne elle-même. Autiste, où suis-je, moi, dans ces apprentissages ? Où est-ce que je suis quelqu’un dans cet apprentissage méticuleux de règles pour tous ? C’est une question d’une dimension humaine qu’il ne faut surtout pas recouvrir par un ensemble de savoir-faire pour tous.

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4 juillet 2020 6 04 /07 /juillet /2020 15:31

Bien sûr, il y avait le télétravail. Bien sûr, ça n’était pas les vacances.

Bien sûr, nos habitudes furent bouleversées. Bien sûr, nous nous sommes habitués.

C’était le moment de la double détente : se retrouver chez soi, payé, sans devoir aller travailler. Passer du temps avec ses enfants, longtemps, sur des semaines, comme cela n’aurait jamais été possible dans une vie normale.

On est chez soi, et les contacts sont limités, les relations aux autres sont limitées. Mais il y a les autres, et il y a l’Autre. En psychanalyse, l’Autre désigne ce qui est extérieur à soi. Et Jacques Lacan parle du Grand Autre, l’ordre symbolique, c'est-à-dire ce qui nous transmet le langage, et notre rapport au symbolique, comment on s’arrange avec les mots, le sens qu’on leur donne, et comment ils servent à parler de qui nous sommes. L’Autre, c’est tout ce qui n’est pas nous, mais c’est en nous aussi, tellement en nous.

L’Autre est là en permanence, et nous demande. Dans la société dans laquelle nous sommes, combien avons-nous encore de moment où nous sommes vraiment seuls ? Combien de moment où on peut être soi, et pas dans le « oui, mais… ». La voix de l’Autre nous suit en permanence, dans notre travail, dans notre consommation, sur nos téléphones portables, dans les injonctions écologistes (c’est le confinement, la poubelle verte n’est plus collectée -> oh mon dieu, mais qu’est-ce que je vais faire de mon recyclable, vu que je ne peux pas le jeter dans la poubelle normale !?!), dans tous les « Soyez / Faites / Devez », dans la bien-pensance, dans ce qu’on se rêve d’être, mais ce pour qu’on on a finalement pas trop le courage de l’effort. L’Autre est dans la voix de la pub, en nous parlant de ce qui serait bien d’aimer. Cette voix qui s’est un peu amoindrie, à tel point de certaines chaines le signalaient et remerciaient les annonceurs qui ne les avaient pas lâchées… J’ai l’impression que le confinement a eu cette vertu d’amoindrir la voix de l’Autre.

Et on a trouvé nos adaptations. Cette crise nous aura montré ça : on veut en être, de ce monde, de la richesse et la gloire, mais on supporte aussi un rythme moins avilissant. On veut un juste milieu. Et ce confinement n’en était pas un. Et ce retour à la vie de fou qu’on avait avant n’en est pas un non plus. Tout a repris comme avant (la télé idiote, les bouchons, l’absence de sourire, la fuite du temps), tout ce à quoi on disait non, mais pas trop fort, parce qu’il n’y avait rien d’autre. Tous ces enjeux, toute cette pression, ces obligations, tout ce « pas nous ». Et ce retour à ces vies où on n’a pas le temps, où on est toujours pris dans des « il faut / il ne faut pas », dans des miroitements de vie meilleure, plus heureuse et plus riche grâce à des taux de crédit défiant toute concurrence et des téléphones toujours plus puissants, des voitures qui vont toujours plus loin pour moins cher …

Pendant le confinement, le silence. Le silence des chants d’oiseaux et du vent dans les feuilles. Le silence des grands axes désertés.

Pendant le confinement, peut-être un peu plus de nous, un peu plus de temps, de place pour qui nous sommes. Hormis les gens indispensables sur leur lieu de travail, les autres ont eu le temps de ranger, de trier, de peindre, de faire du vide, de jardiner, de chercher comment s’occuper. Moins pressé, moins envie que tout s’arrête, c'est-à-dire moins de pulsion de mort. Un peu plus de « à mon rythme », un peu moins de « ah oui, il y a ça à faire aussi… Mais ça ne presse pas… »

 

Peu à peu, effacement de la demande de l’Autre. Le confinement nous a mis à l’abri de l’adversité du monde. Il y a quelque chose de la présence et du discours de l’Autre qui nous avait un peu lâché la grappe pendant cette période, et qui revient. Mais ça n’est plus comme avant. On sait maintenant ce que ça fait de ne pas être obligé. On sait ce que ça fait de ne croiser personne de la journée, de ne pas avoir lâché un seul « Rhooo… » pour une porte pas retenue, pour un petit coup d’épaule malpoli, pour un voisin de métro à la musique un peu forte ou en manque de savon, pour tous ces cailloux dans nos chaussures qu’on n’aura pas eu. On sait maintenant ce que ça fait de pouvoir remettre au lendemain (ou procrastiner, parce que c’est un mot à la mode et que ça fait toujours bien de le placer). Même quand il y a relâche, même pendant les vacances, on n’est jamais tant isolé que nous le fumes durant ces deux mois.

Confinés, la voix de l’Autre s’est amoindrie. Et le retour à la vie d’avant, la vie « normale », a remis les choses dans l’ordre. La déliquescence puis la reviviscence de l’Autre apparait comme un mouvement de balancier néfaste à notre désir, l’objet petit a, qui nous est propre, qui parle de notre désir, et n’est pas conciliable avec l’Autre. La parole de l’Autre vient barrer notre désir, en nous disant que faire, que dire, que penser, que boire ou fumer, ce qu’il faut préférer, ce qu’il faut être. Nous avons eu l’occasion d’explorer un plus grand espace de liberté, moins de dirigisme, une possibilité de dire non, d’avoir le temps. Le temps d’être à notre rythme, le temps d’être à nos proches, le temps d’être. On est resté entre soi. De soi à soi-même. C’est peut-être ça que nous a montré le confinement : quand on arrête de nous dire ce qu’il faut faire, on s’en sort pas si mal, finalement.

Et comme tout repart, on voit poindre une hausse de la demande de consultations en psychiatrie. Des gens qui ont mal vécu le confinement ? Certes. Des soignants, des familles de victimes, qui ont vu l’épidémie de trop près ? Oui, certainement. Des patients psychiatriques ou en situation de handicap psychique qui ont mal été suivis ? Probablement aussi… Des personnes qui se sont retrouvées isolées et un peu perdues ? oui, ça aussi. Mais il y a les autres, tous ceux qui allaient bien avant, ceux à qui le rythme effréné de leur vie disant qu’ils allaient bien. Le confinement a eu un effet « levé de voile », comme si ça avait révélé la Matrice. Un message du type : « une autre vie est possible ».

Mais l’Autre revient… Tout reprend sa place, dans un monde où on n’entend que dire « pour des raisons économiques… », ces raisons qui sont les raisons de l’Economie, mais qui ne sont pas nos raisons, et qui donnent sans cesse l’impression qu’on doive passer après. Ça aussi, c’est le Grand Autre qui nous le dit.

 

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28 mai 2020 4 28 /05 /mai /2020 08:01

Le confinement nous a montré qu’autre chose était possible. Pas longtemps, bien sûr, mais autre chose.

On s’est rendu compte qu’on pouvait rester chez soi et qu’il y avait des choses à faire.

Qu’est-ce qu’il se passe quand on peut sortir des rails du métro-boulot-dodo ?

Et nouveau contexte, nouveau paysage psychique, nouveau ressenti. Au départ, le plus surprenant, ce fut la culpabilité. Rester chez soi et être toujours payé. Comme disait le philosophe : « Les gens veulent du travail, du travail… De l’argent leur suffirait… »

Être chez soi et être payé pour y rester. Et on a vu beaucoup d’activisme, comme réaction anti-dépressive. Faire des trucs, faire des trucs, car rester tranquillement face à soi, c’est parfois trop dur. On pense, on réfléchit, on gamberge, on s’angoisse, on pète un plomb. Etrange, cette incapacité qu’on aurait à rester avec nous-mêmes. Tiens, on se demandait ce qu’il fallait apprendre aux enfants dans les programmes scolaires, en voilà une idée...

Et puis il y eu la griserie de pouvoir faire ce qu’on veut. Avoir du temps libre. Libre de tout, libre de contraintes, libre d’empressement. Liberté de « ça va, on a la journée pour le faire ». De bon matin, se rendre compte qu’il est déjà bientôt midi… Bien sûr, il y a le télétravail, mais il n’y a plus le transport, la préparation vestimentaire, le maquillage, l’importance de l’apparence, le rappel des clients un peu plus tard, ne pas oublier de, tout ce qui tourne autour du travail sans en être, et qui prend tant de notre temps, et qui à cette occasion, nous était rendu.

On s’est rendu-compte que faire du shopping n’était pas indispensable. Courir les magasins, guetter les promotions, acheter, acheter, acheter, remplir ses armoires de tout un tas de merdes inutiles, qu’on a redécouvert en faisant du tri (Tiens, je m’étais acheté ça ? Je l’ai jamais mis… Et bien ça ne me va plus maintenant), la pub à la télé s’est restreinte, à tel point que certaines chaines remerciaient les marques qui maintenaient leurs créneaux publicitaires. Ou au contraire, être quelque peu libéré de cette stigmatisation quand on ne peut pas être dans cette consommation. Le CoVid a enrayé la société de consommation. Avez-vous remarqué que les appels téléphoniques de téléprospection ont cessé ? On arrête de nous demander des trucs, de nous proposer, de nous solliciter, de vouloir nous faire participer à des offres incroyables, de nous dire « Allez, encore un petit sousou… encore une toute petite dépense… ». Arrêter de dépenser. Arrêter de dépenser l'argent, fruit de notre travail. Arrêter de nous dépenser. Dé-penser.

 

Et puis, le calme. Moins d’agitation, moins de bruit. Entendre les oiseaux, au cœur des villes. Entendre du silence. Quel politicien osera mettre dans son programme un jour Covid par mois ? Pas un jour de congé supplémentaire, mais un jour où on arrête tout, où personne ne sort, ni voiture, ni camion, ni avion, un jour où on ne fait plus de bruit, un jour où on ferait la sieste.

 

Notre temps nous était rendu. Ce fut là une occasion incroyable d’être rendu à soi-même, à ce qu’on voulait faire. Une occasion d’être à notre rythme, de mettre sur pause un monde qui, pour tourner, ne fait que nous demander.

Alors qu’on parle du réchauffement climatique, de la pollution, de l’épuisement des ressources, de la nécessité absolue de changer de modèle de vie, de consommer mieux, de trier, d’éviter le gaspillage, nous venons de vivre un exemple extraordinaire de ce qu’il se passe quand on ne peut plus consommer. Mais notre monde n’est pas prêt à ça. La production chinoise, la consommation européenne et américaine, notre monde n’est pas prêt à ce que ça change. De quoi entendons-nous parler en ce moment ? De la reprise. Il faut que ça reparte, il faut que ça revienne comme avant. Certes, l’économie est nécessaire, mais comme avant ? C’est sûr ?

 

On est tous à rêver d’un jour nouveau. Et on a vu à quoi ça pouvait ressembler. Moins de bruit, moins d’agitation, moins d’avions dans le ciel, entendre à nouveau le chant des oiseaux… Mais au final, on n’a pas retiré Amazon de nos portables, on a couru dans les magasins dès le premier lundi. Et on attend impatiemment la réouverture des restaurants… Nous ne sommes pas faits pour être seuls dans notre chambre.

 

Le monde est tel que nous le faisons. Il est à notre image. Et nous n’avons pas changé en deux mois.

Par contre, nous avons pris un plaisir certain à rêver à cet autre possible, et rêver, c’est peut-être tout ce qui nous suffit.

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 07:53

J’ai découvert une bien étrange mécanique.

Lors de mes interventions en 3ème année de Médecine, sur la thématique « Relation Médecin-Patient », je commence mon cours en disant : « Je n’ai pas de bonnes nouvelles ». Je ne tiens pas particulièrement à faire oiseau de mauvais augure, ou quelque chose de menaçant comme « écoutez bien le psychologue, sinon, point de salut ! », mais ce qui les attend, ce sont les difficultés croissantes, les années d’épreuves qui se profilent, un volume de travail incommensurable, et, de plus en plus, se rapprochant, la rencontre avec le patient.

Une rencontre, ça ne se passe jamais comme prévu. Parce qu’on n’a pas le bon papier, parce que le patient qu’on croyait retors se montre coopérant, parce qu’on a été interrompu trois fois pendant la consultation et qu’on a pressenti que le patient avait quelque chose d’important à nous dire, parce que, finalement, on a une vague idée de ce qu’il a, mais au fond, on ne sait pas…. Et qu’on n’a pas le temps !

Je n’ai pas de bonnes nouvelles, et on ne va pas avoir le temps d’en parler. Cela fait un parallèle avec une annonce en cancéro ou quelque chose d’équivalent.

Et dans le même parallèle, les étudiants ont des réactions qu’on pourrait mettre en miroir des réactions post annonce : ils n’écoutent pas, ils se disent que ce n’est pas pour eux, qu’ils y arriveront sans (parce que ce que dit un psychologue, après tout, ça n'est pas prouvé scientifiquement), que ce n’est pas avec ça qu’ils seront meilleurs médecins, ils se demandent s’ils ne feraient pas mieux de changer de cours (comme lorsqu’on demande un second avis). Aux exemples et cas d’école que je leur présente, leurs réponses sont brutes et immédiates, et tout doit être tempéré par un « oui mais attendez, ce n’est pas si simple que ça … », comme quand un patient veut vous apprendre des choses lues sur Internet sur sa maladie.

Chers étudiants, les réactions que vous avez sont des réactions de défense (je n’ai pas dit « mécanismes de défense »).

Pour avoir une idée de ce dont je vous parle, posez-vous un instant et écoutez-vous.

Devant tout mon laïus sur la difficulté, souvenez-vous de ce que vous avez pensé. Tout ceci, c’est de la défense. Beaucoup de refus et de négation, sans doute. Du désintérêt, surement. De la banalisation, quand je vous ai dit que mon enseignement ne servirait certainement pas à obtenir votre examen. Du découragement ou de la révolte quand je vous dis qu’à la fin, c’est toujours la mort qui gagne. Il faut que vous sachiez que cela existe, car ça va s’infiltrer dans la relation et la moduler, comme la réception de ce que je vous ai dit au début de mon cours a modulé votre attention, votre décision de m'écouter ou pas. Et vos réactions ne furent pas bizarres, inappropriées, ou dirigées contre moi.

Toutes ces réactions, un patient va vivre quelque chose d’équivalent lors de l’annonce. Et ce qui vous a plu dans mon cours, c’est que je vous explique les tenants et les aboutissants, qu’on se prendre un moment pour en parler, que je vous fasse ressentir que j’avais entendu quelque chose de votre souci, quelque chose même que vous n’aviez pas encore très clairement formulé dans vos têtes, quelque chose de l’ordre de « Est-ce qu’on va y arriver quand même ? », mes réponses étant, en douceur : « Oui, rassurez-vous, on va y arriver quand même ».

 

Ce que vos ressentez, intérieurement, vis-à-vis de mon enseignement doit vous éclairer dans ce que vivra le patient au moment de l’annonce, et vous guider dans le soutien, la bienveillance et l’accompagnement attendus au milieu de la tempête des réactions imprévues.

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20 juin 2019 4 20 /06 /juin /2019 06:42

Alors oui, décloisonner.

Oui, sortir de l'asilaire pour ouvrir au monde.
Mais avant cela, il y a la volonté politique, et la demande des parents, et des promesses, peut être, qui n'ont pas vraiment écouté tout le monde.
Bien sûr, les parents veulent le mieux pour leur enfant.
Bien sûr, pouvoir dire qu'il va a l’école, c'est mieux que de devoir dire qu'il va "dans un centre"... parce que ça stigmatise, parce que ça veut dire que mon enfant n'est pas comme les autres, qu'il a un truc dans la tête qui ne va pas.
Oui, quelle douleur, que de devoir affronter cela.
Et bien sûr, on rêve de normalité, bien sûr, on rêve de "comme tout le monde". Et quand un projet dit que l'enfant va retrouver une place au sein de l'école, bien sûr, les parents sont ravis.
 
Et l'enfant là-dedans?
Et....... l'enfant....... là.... dedans ?
Si, de plein de points de vue, une avancée est nécessaire, je pose la question :  pour cet enfant, pour cette personne là, que j'ai devant moi, quel est l'enjeu ?
Quel sens, à partir de SA vision du monde ?
 
Tout ceci me donne un sentiment de "c'est le mieux pour eux", mais c'est faux. La communauté de la classe, je ne suis pas sûr que ce soit ce qu'il y a de mieux pour les autistes. Ou pour les TDA/H. Ou pour les enfants issus de familles à très fort troubles sociaux.
Et encore une fois, comme toujours : où est le regard sur la psychopathologie ? Quel est le regard expert qui va préciser avec suffisamment d'acuité qui est la personne ici présente, et ce qui lui conviendrait, pour son mieux à elle ?
Qui aurait cette capacité de dire : il serait bien qu'il soit dans tel système ou dans telle prise en charge, mais pour lui, de son point de vue, s'il pouvait ainsi le formuler, il demanderait..... (Qui peut compléter cela?)
C'est ça qui manque pour le moment, la capacité d'écoute.
 
Parce que l'Ecole.. l'Ecole, l'Ecole... ce n'est pas parce que l'enfant fera comme tout le monde qu'il sera comme tout le monde. Ce n'est pas parce qu'on le mettra dans NOS moules qu'il y trouvera une place confortable.
 
Au final, ce n'est pas l'enfant qu'il faut inclure, mais c'est la société toute entière qu'il faut remettre sur les bancs de l’école de l'acceptation.
L'acceptation du fait que des personnes différentes puissent avoir des chemins différents. La société ne grandit pas en faisant entrer davantage de personnes dans son cercle, elle s'agrandit en faisant tomber les barrières qui séparent l'inclus de l'exclus, en disant "Toi aussi, qui est comme ça, tu fais partie de moi". Il n'est pas question d'ouvrir la porte pour que tu entres, il est question de déplier le auvent, pour que toi aussi, à ta manière, tu sois avec nous, même si tu ne peux pas entrer dans la maison.
 
Et l'inclusion, je n'ai pas l'impression que ce soit ça.

 

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6 avril 2019 6 06 /04 /avril /2019 23:16

Devant la télé, il me reste une question : d'où vient cette rage ?

Car il ne s'agit plus de manifester, de faire entendre sa voix, mais de tout casser, de dire qu’on n’en peut plus. Et parmi ceux-là, bien sûr, il y a les fous furieux lâchés en liberté, ceux qui ne croient plus en rien, ni ordre, ni paix, ni dialogue, ni flic, ni caméra, juste détruire…

 

Que s’est-il donc passé ? Désillusions successives, perte de sens, incompréhension. Parodiant un vieux sketch des Deschiens, toujours plus envie de dire : « Non, mais c’est pas ça que je dis, vous ne m’écoutez pas… »

 

Génération née avec la crise.

Les enfants nés en 70 sont les quasi-cinquantenaire d'aujourd'hui. Dans la rue, on trouve même la deuxième génération post crise. Au final, je me rends compte que je n’ai jamais entendu d’autre discours politique que : « l’emploi, l’emploi ; l’emploi… ». On ne peut pas vraiment dire que ça marche. Sous toutes ses formes, avec tous les arguments, de tous les bords politiques. On trouve si peu de solutions qu’à force, on finit par se demander si c’est pas un peu fait exprès. Mais si on dit ça, on est complotiste. Mais un anti-complotiste pense qu’il y a des complots, voire des individus qui bricolent des trucs louches dans des coins sombres, donc qui trament des complots, voire qui complotent pour faire croire qu’il n’y a pas de complots, bref, tout le monde croit que c’est l’autre…

 

Alors, pourquoi cette colère ?

Serait-ce :

  •  les trahisons politiques multiples,
  •  la gauche
  •  le socialisme,
  •  l'alternance,
  •  la Bourse,
  •  la crise de 2008, dont se sont sorties les banques pourtant responsables de la catastrophe,
  •  l'Europe qui n'est que contrainte,
  •  les envolées de notre président, quand il hurlait « PARCE QUE C’EST NOTRE PROJET !!! »
  •  la désillusion,
  •  la colère…………… ?

 

Nous y avons cru. Nous avons voulu y croire, et nous n’y croyons plus. Le dormeur est réveillé. Finie la sublimation, le rêve, on n'en veut plus…. Tout péter. Que tout finisse et disparaisse dans un grand tourbillon de flammes de pneu et de poubelles.

 

Et surtout, les banques ! Avez-vous remarqué que les banques sont attaquées, caillassées, saccagées ? Qui en parle ? Qui posent ce genre de question ?

 

Et ces jours-ci, la tactique politique reprend la main. Grand débat, doléances, discussions, écoute, partage, entente….. Et les gens qui disent qu'ils n'y croient pas.

 

Si vous nous avez entendu, M. le Président, dites-nous qu'on n'est pas rien.

Si je suis chômeur : dites-moi que je sers à quelque chose.

Pour l’Europe : dites-moi que ma voie a compté dans le refus.

 

On a tellement l'impression de ne servir qu'à payer des impôts et des taxes, qu'on est trop bête pour qu'on nous explique, qu'on existe que l'année de l'élection... Et que l'argent va à l'argent, en nous évitant soigneusement à chaque passage.

Les mots du début du mouvement, l'absence de représentativité ressentie par les gens, la décrédibilisation du pouvoir politique, alors que celui-ci hurlait, s'égosillait «il faut respecter les institutions !!», ce même pouvoir politique que le peuple déniait, abandonnait, criant dans la rue qu'il n'en voulait plus.

Le pouvoir, qui ne dit pas d'où vient l'argent qui l’a installé là, ce pouvoir va reprendre la main, et on se sentira encore moins écouté, encore moins compris....

Et la prochaine fois, ça sera pire.

 

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22 mars 2019 5 22 /03 /mars /2019 22:06
On nous dit, on veut nous faire croire, l'écologie, le recyclage, l'urgence climatique, les circuits courts, le locavore...
Préserver les richesses de la planète, respecter les pays producteurs...
Mais oui, mais oui....
Alors bien sûr, on a tous envie d'être vertueux, d'être respectueux, d'être du coté des gentils.
Mais en vrai qu'est-ce qu'on fait?
Qu'est-ce qu'on fait pendant le black friday?
Qu'est-ce qu'on fait avec nos portables derniers générations, à renouveler tous les quatre matins?
Qu'est-ce qu'on fait avec nos SUV , nos 4x4 citadins, notre boulimie d'appareils, de fringues, de voyages, de connexion haut-débit et de data centers qui consomment une énergie folle, d'énergie propre dont on ne saura pas recycler les éléments.
 
Regarder la pub, et voir ce qu'on nous propose de consommer. Des grosses bagnoles, des crèmes pour paraître moins moches, des taux de crédit imbattables, de la puissance et de la jeunesse éternelle.
 
On nous propose ça parce qu'on va acheter ça.
 
Et en même temps, on nous chante "le tri sélectif, le zéro déchet, les petits producteurs, la consommation raisonnée"... en nous disant que si, si, c'est ce qu'il FAUT faire, une pincée de Surmoi, un soupçon de culpabilité, "c'est pas bien de manger des animaux"...
 
Comment est-ce qu'on ne va pas devenir fou?
 
Comment pouvons-nous croire une seconde que la société de consommation voudra bien s'adonner à cette diète?
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