Devant la télé, il me reste une question : d'où vient cette rage ?
Car il ne s'agit plus de manifester, de faire entendre sa voix, mais de tout casser, de dire qu’on n’en peut plus. Et parmi ceux-là, bien sûr, il y a les fous furieux lâchés en liberté, ceux qui ne croient plus en rien, ni ordre, ni paix, ni dialogue, ni flic, ni caméra, juste détruire…
Que s’est-il donc passé ? Désillusions successives, perte de sens, incompréhension. Parodiant un vieux sketch des Deschiens, toujours plus envie de dire : « Non, mais c’est pas ça que je dis, vous ne m’écoutez pas… »
Génération née avec la crise.
Les enfants nés en 70 sont les quasi-cinquantenaire d'aujourd'hui. Dans la rue, on trouve même la deuxième génération post crise. Au final, je me rends compte que je n’ai jamais entendu d’autre discours politique que : « l’emploi, l’emploi ; l’emploi… ». On ne peut pas vraiment dire que ça marche. Sous toutes ses formes, avec tous les arguments, de tous les bords politiques. On trouve si peu de solutions qu’à force, on finit par se demander si c’est pas un peu fait exprès. Mais si on dit ça, on est complotiste. Mais un anti-complotiste pense qu’il y a des complots, voire des individus qui bricolent des trucs louches dans des coins sombres, donc qui trament des complots, voire qui complotent pour faire croire qu’il n’y a pas de complots, bref, tout le monde croit que c’est l’autre…
Alors, pourquoi cette colère ?
Serait-ce :
- les trahisons politiques multiples,
- la gauche
- le socialisme,
- l'alternance,
- la Bourse,
- la crise de 2008, dont se sont sorties les banques pourtant responsables de la catastrophe,
- l'Europe qui n'est que contrainte,
- les envolées de notre président, quand il hurlait « PARCE QUE C’EST NOTRE PROJET !!! »
- la désillusion,
- la colère…………… ?
Nous y avons cru. Nous avons voulu y croire, et nous n’y croyons plus. Le dormeur est réveillé. Finie la sublimation, le rêve, on n'en veut plus…. Tout péter. Que tout finisse et disparaisse dans un grand tourbillon de flammes de pneu et de poubelles.
Et surtout, les banques ! Avez-vous remarqué que les banques sont attaquées, caillassées, saccagées ? Qui en parle ? Qui posent ce genre de question ?
Et ces jours-ci, la tactique politique reprend la main. Grand débat, doléances, discussions, écoute, partage, entente….. Et les gens qui disent qu'ils n'y croient pas.
Si vous nous avez entendu, M. le Président, dites-nous qu'on n'est pas rien.
Si je suis chômeur : dites-moi que je sers à quelque chose.
Pour l’Europe : dites-moi que ma voie a compté dans le refus.
On a tellement l'impression de ne servir qu'à payer des impôts et des taxes, qu'on est trop bête pour qu'on nous explique, qu'on existe que l'année de l'élection... Et que l'argent va à l'argent, en nous évitant soigneusement à chaque passage.
Les mots du début du mouvement, l'absence de représentativité ressentie par les gens, la décrédibilisation du pouvoir politique, alors que celui-ci hurlait, s'égosillait «il faut respecter les institutions !!», ce même pouvoir politique que le peuple déniait, abandonnait, criant dans la rue qu'il n'en voulait plus.
Le pouvoir, qui ne dit pas d'où vient l'argent qui l’a installé là, ce pouvoir va reprendre la main, et on se sentira encore moins écouté, encore moins compris....
Et la prochaine fois, ça sera pire.