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2 mai 2014 5 02 /05 /mai /2014 17:02

Je voudrais revenir aujourd’hui sur un point qui m’a été soumis lors d’une formation.

Les AVS stagiaires du jour évoquaient la difficulté qu’elles avaient à maintenir le calme auprès des enfants d’une classe de maternelle lorsque l’enfant en intégration dont elles avaient la charge commençait à s’agiter bruyamment.

Pour le cas, il s’agissait d’un petit garçon autiste qui s’agite et se roule par terre, ce qui, par contrecoup, agite beaucoup ses camarades, qui s’en inquiètent ou trouvent ça drôle, voire l’imitent.

Les AVS pointaient la difficulté qu’elles ressentaient à lui dire quelque chose, et donc à dire quelque chose aux autres, « qui n’auraient peut-être pas compris ».

L’inclusion en classe dite « normale » poursuit plusieurs objectifs. Elle offre tout d’abord à l’enfant porteur de handicap la possibilité d’être confronté à de nombreuses expériences socialisantes tout au long de la journée, ce qui est grandement préférable à un enfermement à la maison. Mais elle poursuit également un objectif de plus grande ampleur, à savoir l’inclusion de la personne handicapée dans la sphère sociale à long terme, et il n’est pas déplacé de penser que le côtoiement de personnes handicapées par de jeunes gens non handicapés tendraient à démystifier ce que ceux-ci pourront s’imaginer du handicap plus tard. Etre écolier et avoir un camarade de classe handicapé, ça familiarise, en quelque sorte. Cependant, l’école est, en plus du lieu d’apprentissage scolaire, le Haut Lieu des apprentissages sociaux. Sous l’œil de la République, c’est normalement là qu’on apprend que la loi est la même pour tous, qu’elle s’applique à chacun, bien qu’il puisse y avoir des façons de l’adapter. Donc, la même règle pour tous, mais pas de la même manière.

Pour la situation qui nous concerne, il faut tout d’abord définir ce qui fait défaut, ce qu’il est important de repérer : la difficulté relationnelle avec quelqu'un porteur de handicap, ou plus précisément dit, la difficulté dans laquelle le handicap nous met. La problématique propre aux enfants porteurs d’un handicap type TED est, pour partie, le trouble de la communication. Or, n’oublions pas qu’une communication, une mise en commun d’informations, implique deux (ou plus) personnes. Et si un jeune élève n’est pas capable de traiter correctement les informations que nous lui adressons, nous serons également bien en peine de traduire son comportement en quelque chose de sensé. D’ailleurs, ne disons-nous pas souvent que nous ne comprenons pas pourquoi l’enfant met tel ou tel comportement en place, adopte telle attitude si étrange ?

Etre confronté à un enfant qui ne va pas avoir une réaction normale à notre injonction doit-elle : 1) nous empêcher de formuler cette injonction ? et 2) nous empêcher de la maintenir pour les autres ?

Ce qui nous induit en erreur, c’est la dimension « handicap », car dans cette situation, c’est nous qu’elle handicape. La résolution de ce problème fut surprenante. La question était plus ou moins formulée ainsi : « qu’est-ce qu’on peut dire à des enfants qui s’agitent parce que leur copain handicapé s’agite aussi ? Il met le bazar et les autres suivent le mouvement… ». Si on relit cette phrase en enlevant le mot « handicapé », la solution apparait beaucoup plus évidente…

Cela montre à quel point nous pouvons être enferrés dans nos représentations, et la difficulté que nous avons à nous extraire de nos préjugés. Encore une fois, l'exercice quasi impossible d'accueillir l'autre.

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