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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 19:09

En ces jours frais, le pays s’émeut du texte de loi accordant le mariage aux couples de même sexe. Le psychologue, comme il n’a vraiment que ça à faire, y a réfléchi.

 

Au départ, moralement, la cause des homosexuels, dans une société qui se veut ouverte et réfléchie, ne peut recevoir un « NON » définitif sans susciter débat. On ne peut que difficilement s’opposer à l’union de deux personnes qui s’aiment. C’est trop vieux jeu, pour ces Roméo et Juliette des temps modernes.

 

Mais ça ne passe tout de même pas tout seul. Et il reste la question, au-delà de la pudibonderie, c’est l’adoption. Premièrement, il y a quelque chose dont j’entends peu parler dans le débat actuel, c’est de ce qui pousse deux personnes qui s’aiment à s’unir. En gros, tout cela ne parle pas beaucoup d’amour. Est-ce qu’on peut considérer que deux hommes ou deux femmes, qui vivent ensemble et partagent le même toit, le même lit, les mêmes sentiments, puissent avoir envie de se sentir unis aux yeux de la loi, de la Société, des instances civiles ? Si on l’admet pour un couple hétérosexuel, sur quels critères pouvons-nous le dénier à deux amoureux ?

 

Mais poursuivant le raisonnement, la question représentant l’écueil majeur est celle de l’adoption : peut-on empêcher deux personnes qui s’aiment d’avoir un enfant ? Question à laquelle on ajoute son corolaire : pourquoi un couple de femmes le peut de la façon la plus naturelle qu’il soit, alors que c’est interdit aux hommes ? L’argument le plus fréquemment utilisé est le suprême intérêt de l’enfant, mais quoi ? Qu’est-ce à dire ? Avoir deux parents du même sexe serait-il néfaste pour son développement ? Un enfant vivra-t-il plus mal s’il grandit dans l’amour de deux parents unisexes qui l’ont désiré qu’avec un couple de connards hétérosexuels semi-consanguins alcooliques et violents. Dans les différents cas de violences sur mineurs que j’ai eu à traiter, les bourreaux n’étaient pas homosexuels (même pas refoulés)…

 

Au final, je me demande ce qu’on protège derrière cette véhémence ? Car on tolère l’homosexualité, on autorise leur présence parmi nous, ils s’infiltrent (ton ironique), ils sont reconnus, j’ai moi-même un très bon ami homosexuel, bref, ils ont leur place dans la société, mais, mais, mais, mais…. Pas tout à fait. Pas tout à fait car il reste encore des citadelles qui sont chèrement défendues.

 

Alors, que protège-t-on ? Est-ce l’idée du mariage, de l’union, la fête de l’Amour ? Cette cérémonie que l’on célébrait entre 250 et 300.000 fois par an en 2010 alors qu’y en avait plus de 400.000 dans les années 70. C’est manifestement sur le recul. Ce n’est pas pour dire que les gens s’aiment moins, mais c’est une porte par laquelle ils ne se sentent plus obligés de passer. Non que l’engagement soit moindre, mais les temps changent, et on peut vivre ensemble sans être marié, le PACS suffit. Pendant que le nombre de mariages se réduit de 20%, le PACS se voit multiplié par 9 (+70% pour les PACS entre même sexe, +1100% pour les PACS entre sexe opposé).

http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF02327

Est-ce l’affirmation de leur présence, jusque dans nos sacrements les plus hétérosexuels, que les homos viennent conquérir petit à petit ? La Loi défend encore quelque chose, à laquelle les hétérosexuels ont droit, et pas les homosexuels. Et cette loi qui devrait créer de la fraternité permet au contraire de conserver quelques derniers bastions de la différence.

 

Est-ce la protection de l’enfance ? Inutile de rappeler qu’homosexualité n’est pas le synonyme de pédophilie (ah ben mince, je viens de le faire). Mais rien ne prouve la qualité ou la défaillance d’une éducation unisexe. Ce n’est pas la présence ou l’absence d’un des deux sexes au quotidien qui en assure sa réalité psychique. Sinon, que penser des divorcés, ou des jeunes veufs ou veuves ? Faut-il retirer au parent survivant l’enfant de son conjoint décédé ? Que penser des pères hétéros qui s’occupent de leur petit garçon ? Et encore plus avant, pourquoi pense-t-on que l’éducation d’un enfant par deux femmes sera moins problématique, moins questionnante que s’il s’agit de deux hommes.

 

Est-ce le rappel de l’ordre de la Nature ? Car le mariage, de lointaine tradition, se fait dans l’idée de fonder une famille et d’assurer une descendance. Il ne peut donc avoir lieu qu’entre personnes de sexe différent. La filiation, la descendance, le génome, ces questions restent encore, malgré une volonté d’élévation de nos civilisations, très prégnantes quand il s’agit de transmettre la vie. Nous sommes perpétuellement ramenés à la bassesse de nos origines animales.

 

N’aurions-nous pas peur que ces gens, à la sexualité radicalement différente de la nôtre, finissent par trop nous ressembler ?

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